d’après une inscription où le maître se désigne du nom de peintre, les travaux furent achevés en 1359. Quant à la partie architecturale et décorative, cet ouvrage d’un luxe raffiné ne devrait jamais être comparé avec les bons dessus d’autels, tabernacles, etc., de l’Allemagne ; c’est ici le côté faible du gothique italien. Au lieu de formes organiques, riches et sévères, telles que nos yeux d’hommes du Nord sont habitués, voici des surfaces dont le détail capricieux a plus d’agrément que d’expression, et que couvrent en partie des verreries colorées à la manière des Cosmates. La coupole entre les quatre frontons et striée comme une couronne ; les mosaïques s’étendent même jusqu’aux degrés du monument.
L’église de la Chartreuse [a] près de Florence, croix grecque sans nefs latérales, d’une ordonnance gracieuse, est également attribuée à Orcagna, de même que le soubassement du cloître en style de forteresse.
Le second monument, qui se trouve sur la place de la cathédrale, vis-à-vis de la tour, est le ravissant Bigallo [b]. Une de ces confréries fondées pour des œuvres de piété et de bienfaisance se plut à orner sa maison, de ses deniers, le mieux possible, suivant la bonne coutume italienne, dans un temps où il n’y avait endroit sacré ni public qui ne fût relevé par l’éclat de l’art. Ce ne fut pas une façade de palais comme dans plusieurs des Scuole de Venise, qui étaient également des maisons de confréries, mais seulement une petite maison ornementée, dont le charme est uniquement dans l’exécution raffinée de formes très simples. L’auteur inconnu pourrait bien etre un successeur d’Orcagna. Les consoles du toit sont classiques dans leur genre et peuvent être citées ici, à défaut de nombre d’autres.
Plus sévère et plus riche est la façade de la Fraternità della Misericordia [c] à Arezzo (derrière la Pieve vecchia, aujourd’hui le Musée) ; c’est un véritable monument de transition, ravissant en son genre, qui, commencé dans le style gothique, s’acheva, à l’étage supérieur, dans le style Renaissance.
Un étrange et merveilleux spectacle nous est enfin offert par les parties nouvelles de la cathédrale [d] de Lucques (la nef principale et l’intérieur du transept). C’est le pilier de la cathédrale de Florence, dans un plan général qui rappelle plutôt l’ordonnance du Nord. Le tracé ici encore est formé non par le carré de la nef principale, mais par le carré imparfait des nefs latérales ; la multiplicité des piliers est compensée par leur légèreté ; les arcs sont presque tous ronds ; en haut se trouvent des rangées de grandes fenêtres avec de riches meneaux qui laissent le regard pénétrer dans une galerie sombre au-dessus des nefs latérales ; en haut, de petites fenêtres rondes. Les fenêtres de la galerie passent même comme soutiens et comme ornements à travers le transept, dont elles partagent également les deux bras dans le sens de la longueur. Sur la