d’abord les travaux grandioses de l’église des Franciscains S. Maria gloriosa de’ Frari [a] le service divin y fut établi en 1280, mais l’église ne fut achevée qu’en 1338. L’intérieur repose
sur de hauts piliers ronds ; l’ordonnance est déjà ici entièrement
italienne, la nef centrale se compose de carrés aussi grands que possible, et les nefs latérales de divisions
oblongues. Par une bizarrerie étrange, au milieu du chœur avec ses fenêtres doubles et au milieu des six chapelles sur le revers du transept, est non pas une fenêtre, mais un pilier. À l’extérieur
la brique est encore traitée sans le raffinement du style gothique
le plus récent ; la pierre n’est employée que pour les baldaquins
au-dessus des pignons et pour les portails (qui sont visiblement
de la première époque gothique). La terminaison des pignons de la façade à l’aide de murs d’une courbe singulière est une addition
postérieure, les véritables lignes anciennes qui étaient droites apparaissent encore distinctement par-dessous. Les faces latérales
rappellent beaucoup S. Maria Novella à Florence. L’église
dominicaine de S. Giovanni e Paolo [b], sur l’origine de laquelle les données certaines font défaut[1], est une copie de la précédente, avec des améliorations essentielles. Les proportions
sont beaucoup plus légères et plus belles, les clôtures postérieures
sont formées non pas à l’aide de piliers,
mais par des intervalles (fenêtres). Au dessus de l’intersection
des bras de la croix a été construite une coupole. La façade
seule n’a pas la simplicité élégante de l’église des Frari, elle devait être incrustée de marbre,
mais elle resta inachevée.
L’attribution à Niccolò Pisano de l’église de Saint-Antoine [c] de Padoue (il Santo) est la moins vraisemblable. L’église fut commencée en 1256, presque en même temps que les Frari à Venise. Le problème était ici tout autre, il s’agissait de donner un pendant à l’église de Saint-Marc, de créer une église funéraire en l’honneur du grand saint nouveau de la haute Italie. Ce fut peut-être une inspiration mystique presque inconsciente qui fit choisir l’ancienne ordonnance à plusieurs coupoles. Toujours est-il que l’on voulait distinguer cet édifice des autres églises des Franciscains.
La création ne fut pas heureuse. La façade est peut-être la plus insignifiante de toutes celles qu’a conçues le style gothique. À l’intérieur, la nef principale repose sur de gros piliers carrés ; les supports de la coupole et les appuis intermédiaires ont aussi cette même forme. Le polygone du chœur offre bien une certaine ressemblance de proportions avec le chœur des Frari, mais l’exécution du détail est sans comparaison plus médiocre tant à l’extérieur qu’à l’intérieur ; le pourtour et la couronne de chapelles sont d’une exécution aussi grossière que la conception même. Cependant ce monument avec ses coupoles, qui alors étaient basses, avec les peintures (projetées ou exécutées), qui devaient le cou-
- ↑ Elle fut achevée moitié en 1385, et presque entièrement en 1430.