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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/227

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ARCHITECTURE GOTHIQUE.

des tombeaux à S. Croce, à Florence (transept), où il s’agissait d’obtenir non une paroi de fond, mais au contraire une vue à jour. Mais la forme la plus ordinaire dans l’Italie centrale, et d’un type excellent, c’est la niche gothique avec un tableau ou une mosaïque ; dans le bas est la sarcophage avec la statue couchée du mort, et des anges, aux pieds et à la tête, tenant le linceul. Voir les deux beaux tombeaux cosmates du cardinal Consalvo († 1299) à S. Maria Maggiore [a], à droite du maître-autel, et de l’évêque Durandus à S. Maria sopra Minerva [b] à Rome[1]. — Dans les tombeaux de Naples, ce motif se mêle d’ordinaire, et sans trop de bonheur, à l’un des types déjà mentionnés le sarcophage est porté sur des colonnes et des cariatides représentant des Vertus, de sorte que la statue étendue au-dessus n’est plus qu’à peine visible ; par contre, les deux anges, généralement petits à cause du peu de hauteur de la niche, font plus d’efforts qu’il ne faudrait pour tirer le rideau (en pierre) de la niche. Le pignon au-dessus de la niche a aussi sa forme spéciale et ses statuettes, souvent même encore un baldaquin qui enserre le tout. Parfois, surtout pour les tombeaux angevins à S. Chiara [c] et à S. Giovanni a Carbonara [d], l’architecture atteint une richesse extraordinaire, qui pourtant n’est jamais d’une beauté pure. Au chapitre de la Sculpture, il y aura à revenir sur ces monuments ainsi que sur celui de la famille Tarlati dans la cathédrale [e] d’Arezzo, dont l’ordonnance, attribuée à Giotto (?), n’est pas aussi heureuse.

Rome a relégué dans la crypte de Saint-Pierre, les Sagre Grotte Vaticane, les vieux tombeaux des papes, réduits en morceaux, et dont le cadre architectural même était tout à fait perdu. Le tombeau de Grégoire VII, dans la cathédrale de Salerne est moderne ; dans la cathédrale [f] de Pérouse,repose, sous une modeste plaque avec inscription (dans le transept droit), le grand Innocent III, avec deux de ses successeurs. Mais à S. Domenico [g] à Pérouse (transept gauche), il s’est du moins conservé un tombeau papal de premier ordre, celui de Benoît XI († 1304), œuvre de Giovanni Pisano ; c’est une superbe architecture sous un baldaquin monté sur des colonnes torses à figures, le tout avec un revêtement de mosaïque d’une grande richesse, mais de bon goût. À S. Francesco [h] à Viterbe, il y a également un magnifique tombeau papal dans le style des Cosmates, celui d’Adrien V († 1276).


Vérone enfin clôt la série des tombeaux italo-gothiques avec les célèbres monuments des Scaliger [i]] près de S. Maria Antica. À côté de plusieurs tombeaux plus simples, les monuments de Can Grande (1329), de Mastino II (avant 1351) et de Can Signorio (avant 1375), sont d’admirables modèles d’architecture isolée ; le motif fondamental, avec des expressions diverses, est le sarcophage exhaussé avec une statue couchée

  1. À S. Domenico, à Orvieto [j], le beau monument d’un cardinal de Braye est l’œuvre d’Arnolfo di Cambio.