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PREMIÈRE RENAISSANCE.

Le couvent de la Badia [a], surtout la colonnade antérieure murée, avec deux excellentes chapelles de Ben. Rovezzano, et une petite oour charmante derrière la sacristie, ornée d’une galerie ionique double et voûtée, paraissent être de deux architectes différents. — Les quatre cours de la Chartreuse [b], située à une bonne demi-lieue devant la Porta Romana et bien digne d’une visite, sont de plusieurs maîtres dont les noms manquent : la seconde est une petite galerie double d’une forme ravissante, la quatrième ou cour du jardin montre à quel point parfois l’architecte comptait sur la décoration pittoresque des membres d’architecture à l’aide d’arabesques peintes (ici, blanc sur brun). L’église principale (plus moderne) a une façade médiocre et maladroite ; mais elle même elle est digne d’un regard. — La petite cour du Scalzo [c] (non loin de S. Marco) remonte au commencement du XVIe siècle ; elle n’offre qu’un petit nombre de formes, mais la simple disposition des colonnes lui donne de la fantaisie. — Une autre petite cour très gracieuse forme l’entrée de la Confrat. di S. Pietro Martire [d] (à peu de distance de l’Annunziata) ; elle est rarement ouverte[1]. — Une cour de couvent près de S. Girolamo [e], 1528. — Les deux cours d’Ognissanti [f] n’ont pas grande valeur de style ; mais, à l’entrée, la saillie du transept gauche de l’église sur des arcs gothiques est d’un effet pittoresque. — Les trois cours plus petites de S. Maria Novella [g] sont de différentes époques du XVe siècle. — La seconde cour du couvent al Carmine [h] (1490) a en bas une voûte, en haut un entablement droit sur consoles ; les deux étages sont ioniques. — L’église de S. Felice [i] est peut-être de Michelozzo lui-même. — La gracieuse sacristie de S. Felicita [j] (1470) renferme un petit chœur particulièrement joli. — Le bel atrium de l’Annunziata [k] pourrait bien être d’Antonio da Sangallo l’aîné (voy. plus bas), qui a bâti l’arc central de la galerie extérieure. (Le reste de cette même galerie extérieure ne date que de 1600 ; l’architecte en fut Caccini.)

Parmi les palais et les édifices privés[2]) de ce style, il faut mention-

  1. Les clefs se trouvent chez le cordonnier du no 1 de la Via S. Sebastiano.
  2. Les démolitions volontaires de 1529, avant le siège espagnol, ont détruit ce qu’il y avait de mieux sans doute aux environs de Florence en fait de villas de la première Renaissance. Ce qui s’en est conservé a été plus ou moins altéré par des reconstructions postérieures. La villa Michelozzi en Bellosguardo [l] a encore sa galerie inférieure ; Poggio a Cafano [m], construit par Giuliano da Sangallo pour Laurent le Magnifique, dans un style plus grand et plus libre, a deux belles voutes, qu’il faut voir ; de même la Petraya [n] (pour ces deux dernières, il faut une autorisation de la Direzione del beni domaniali, au Palais Pitti). Carreggi [o], avec cour et loggia (de Michelozzo peut-être), a encore, comme la Villa Salviati [p] (en face de la Badia de Fiesole), les creneaux et les mâchicoulis du moyen âge. — On ne saurait assez recommander aux architectes de parcourir les environs de la ville, en avant des portes, dans le rayon le plus étendu possible. Depuis les villas imposantes, mais rarement somptueuses, jusqu’à la maison de paysan, ils trouveront ici une abondance de motifs d’architecture d’une beauté agreste comme on n’en rencontre que dans la patrie de l’architecture moderne Ce qu’il y a en ce genre, dans les environs de Rome, est plutôt dans le style des châteaux et des palais, ou bien ce n’est au contraire que la cabane de paysan, sans forme. Autour de Naples, les constructions ont souvent un