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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/252

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ROME.

Dolci, de Florence († 1486), et Giacomo da Pietrasanta. Tous trois étaient peut-être des praticiens exercés, mais aucun n’était homme à user avec art et génie de la liberté nouvelle des formes[1]. L’œuvre la plus importante, l’église de S. Agostino [a] (1479-1483), est certainement l’œuvre de G. da Pietrasanta. L’intérieur est une tentative assez sobre de construction élancée avec voûtes sur piliers et une petite coupole ; Giacomo, comme Brunellesco, a fait des murs inférieurs une série de niches. Cet édifice, dont le jour, d’ailleurs, est désagréable, ne saurait soutenir aucune comparaison avec l’Annunziata d’Arezzo, d’une si riche fantaisie. La façade reproduit, d’une manière détestable, ce reliement, observé pour la première fois chez Alberti, de l’étage supérieur aux parties, saillantes de l’étage inférieur ; les deux volutes ont la forme d’une feuille angulaire du chapiteau ionique démesurément agrandie. — À S. Maria del Popolo [b] (1477-1480) la façade remaniée dans le haut, est, du reste, simple et d’un bon style l’intérieur, construction à piliers avec colonnes engagées de proportions un peu écrasées, a, par suite de badigeons modernes, perdu tout charme d’architecture ; la coupole octogone ne peut plus lutter contre la large masse de l’ensemble. — À une œuvre telle que S. Pietro in Montorio [c] suffisaient des maîtres de ce genre : cette église minuscule voûtée, à une seule nef, avec transept, chapelles en forme de niches murales, et chœur à terminaison polygonale, forme un heureux ensemble, et elle serait d’un effet excellent si elle avait encore son ornementation primitive. — Dans la construction de la chapelle Sixtine [d], commencée par Gio. de’ Dolci & partir de 1473, il y avait peut-être un programme par lequel l’architecte était lié : peut-être devait-il avoir égard aux bâtiments du Vatican déjà existants ; sinon, on ne pourrait que difficilement comprendre qu’il eût été fait choix d’une forme si absolument simple pour l’église palatine des papes. — Plusieurs églises plus anciennes, telles que S. Pietro in Vincoli [e], les SS. Apostoli [f], n’ont eu qu’alors leurs façades. On s’en rapporta peut-être à l’église moyen âge de S. Saba ou au modèle récent de S. Marco pour mettre devant l’église une double galerie voûtée à pleins cintres de large ouverture, posés en tas sur des piliers octogonaux, en haut sur des colonnes. L’effet, il est vrai, n’est pas celui d’un édifice sacré, mais l’impression en est plaisante et agréable. Il faut citer encore ici le Ponte Sisto [g] et l’hôpital S. Spirito [h]. (La coupole de l’entrée du milieu ? Le clocher de l’église qui est le premier et peut-être le meilleur du nouveau style à Rome ? comp. p. 10 B.) Puis la petite nef et la coupole octogone à S. Maria della Pace [i]. Partout des chapelles-niches. Pietro da Cortona a donné plus tard à l’extérieur un caractère tout autre. — Le Belvédère élevé au Vatican [j] par

  1. Dans la façade récemment remaniée, de S. Giacomo degli Spagnuoli [k] (sur la place Navona), le rez-de-chaussée seul est ancien ; le riche portail du milieu a été transporté de la façade originale (aujourd’hui derrière). Le gracieux cloître de S. Salvadore in Lauro [l] est aussi une œuvre anonyme du même temps.