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NAPLES.

C’est peut-être encore du XVe siècle, ou, en tout cas, peu après, que datent les anciennes parties de la cour du Pal. Strozzi [a] (près de l’église delle Stimmate).

Le petit pavillon de chasse papal de la Magliana [b] a gardé de sa restauration sous Innocent VIII maint joli détail Renaissance.

Dans les Abruzzes, Aquila possède, en la façade de S. Bernardino [c] par Cola Della Matrice (1527), une des œuvres excellentes de la Renaissance.


À Naples, c’est avec les rois de la maison d’Aragon que la Renaissance succède au gothique introduit par la maison d’Anjou. L’impulsion vint sans doute du dehors ; Alphonse d’Aragon appela à Naples le Florentin Giuliano da Majano (voy. plus haut, p. 88). Malheureusement la belle résidence d’été de Poggio Reale, connue entre autres par le dessin et le plan de Serlio a disparu ; vers 1434, Giuliano bâtit la Porta Capuana [d], un arc encadré de colonnes entre deux tours, avec haute frise et attique la plus belle porte peut-être de toute la Renaissance. Ce n’est pas de Giuliano, mais du Milanais Pietro di Martino, lequel se révèle ici grand décorateur, qu’est l’Arc de triomphe d’Alphonse [e]. L’encadrement de ce haut monument de marbre blanc entre deux tours sombres du Castello Nuovo[1] est déjà par lui-même d’un grand effet ; les ornements ont de l’éclat et même de l’élégance ; mais la composition inorganique et capricieuse trahit l’évidente jeunesse de ce style.

À la même époque, un artiste Indigène, Andrea Ciccione (mentionné de 1414-32), qui avait jusqu’alors bâti dans le style gothique (comme le démontre entre autres son monument funéraire du roi Ladislas), se rallia également au nouveau style. Il existe de lui d’anciens cloîtres, très simple à Monte Oliveto [f] (maintenant caserne de carabiniers) et à S. Severino [g] (avec fresques du Zingaro), et, de plus, l’église Monte Orvieto [h] elle-même, parmi les annexes de laquelle sont deux belles chapelles à droite et à gauche du portail[2], et une sacristie (au fond à gauche) de style florentin. Le joli oratoire carré de Pontanus [i], près de l’église Pietrasanta, dans la Strada de’ Tribunali, n’a été, croit-on, construit qu’en 1492, longtemps après la mort de Ciccione, mais d’après ses dessins ; au-dessus de socles puissants, des pilastres composites et des fenêtres unies ; le haut est inachevé, l’intérieur lisse (sur les murs sont inscrites des sentences intéressantes).

L’architecture des palais florentins à bossages se retrouve avec une grâce timide et même maladroite dans le Pal. Calabrano [j] (maintenant Santangelo, Strada S. Biagio de’ Librai, no 121) reconstruit en

  1. L’Église de S. Barbara [k] dans la cour du Castello Nuovo, a une belle porte de la première Renaissance.
  2. Probablement d’Antonio Rossellino, qui pour l’une d’elles fit De remarquables sculptures. Elles répondent exactement à la chapelle construite par lui à S. Miniato près de Florence. V. plus loin : Sculpture du XVe siècle.