grands triomphes de la décoration ; leurs supports intérieurs sont de riches candélabres ; leurs acrotères sont ornés d’anges en prière. À l’étage du milieu (qui est maintenant l’étage supérieur), les surfaces et leurs bordures sont incrustées de marbres de différentes couleurs, qui sont ici tout à fait à leur place ; puis, tout en haut, il devait y avoir une image colossale en mosaïque, richement encadrée, ainsi qu’on le voit sur une ancienne copie. Des frontons en demi-cercle devaient couronner la façade et l’achever ; l’imagination peut les restituer d’après l’ancien plan. Les moulures du socle révèlent le maître de la chapelle Colleoni à Bergame (Omodeo).
La nef est gothique (v. p. 68 A) ; chacun des trois bras du transept et du chœur se termine par trois absides dans trois directions. Si cette disposition est une création de la Renaissance, elle a certainement été l’inspiration immédiate pour un grand nombre des églises de la Haute-Italie, que nous citerons plus loin. Le dôme fermé par quatre galeries étagées ne date décidément que de cette époque ; l’extrémité en est encore plus récente. Le couvent renferme deux célèbres cloîtres, plus anciens que la façade, d’une richesse et d’une variété de décoration en terre cuite vraiment incomparables.
À Pavie, également, il y a vis-à-vis du Carmine une superbe cour [a] de palais, conservée en partie. — Dans la même ville la cathédrale [b], qui aurait pu être une sorte de Saint-Pierre de la première Renaissance lombarde, n’est aujourd’hui que le fragment majestueux, il est vrai, d’un édifice élancé et bien éclairé. À quel point l’influence de Bramante s’exerça-t-elle sur les plans de Cristoforo Rocchi ? il est difficile de le dire. En tout cas, dès le début des travaux (1487), Bramante fut plusieurs fois appelé, et les beaux profils des divers piédestaux du chœur, des substructions, des sacristies, ainsi que l’éclairage original de la crypte, ne peuvent être que de lui. Le modèle très intéressant de Rocchi, dressé après le commencement des travaux, est encore conservé dans la cathédrale ; il contient bien des détails que Bramante n’eût jamais admis.
L’élève milanais de Bramante, déjà mentionné, Giov. Dolcebuono, est l’auteur de l’intérieur de la belle église S. Maria presso S. Celso [c] à Milan (commencée vers 1490). C’est une église à trois nefs, avec arcades, pourtour du chœur et voûtes à caissons, d’un caractère à la fois sobre et magnifique ; mais, comme le jour ne vient que des nefs latérales, il lui manque la solennité religieuse. — L’atrium [d] (par B. Zenale ? 1514), moitié en briques, moitié en marbre (demi-colonnes avec chapiteaux le bronze), est d’une élégance dont la prétentieuse façade de marbre de Galeazzo Alessi elle-même ne saurait détruire l’effet. — À Dolcebuono est également dû l’intérieur de S. Maurizio [e] ou Monasterio Maggiore (1503), que l’on visite surtout à cause des fresques de Luini. C’est une construction ingénieuse, avec une galerie supérieure légère, correspondant aux fenêtres. L’église n’a été bâtie que pour les fresques et la