nant du Pal. Minelli [a] ou del Bobolo, dans la Corte del Maltese, Calle delle Locande, près de S. Luca, qui se rattache manifestement à l’architecture romane de Venise ; l’escalier, véritable édifice circulaire, est ouvert du haut en bas par une colonnade non interrompue.
L’intérieur des églises présente, selon les diverses destinations de très grandes variétés.
La plus ancienne du style en question est incontestablement S. Zaccaria [b], commencée en 1456 (attribuée par quelques-uns à Martino Lombardo, par d’autres à Antonio di Marco). La partie la plus ancienne, à demi gothique, est le chœur avec un pourtour et une couronne de chapelles de même hauteur ; le reste, ainsi que la moitié inférieure de la façade, n’a été bâti que jusqu’à une certaine hauteur ; après quoi l’édifice demeura quelque temps abandonné, comme le prouve le style plus mur de la moitié supérieure. Les trois nefs voûtées reposent sur des colonnes au-dessus de hauts piédestaux ornementés ; le chœur, à la façon de quelques églises romanes, sur des faisceaux de colonnes. Dans le détail, la première Renaissance se laisse aller ici à des formes baroques et indécises (bagues des colonnes, corniches intermédiaires des chapelles, etc.). La façade avec ses différents étages et ses frontons arrondis est sans doute, à l’exception du rez-de-chaussée, de vingt ou trente années postérieure ; ici éclate pour la première fois cette fantaisie de menuiserie, propre à Venise, qui multiplie les formes par amour de l’effet, et non pas pour aider à l’expression des proportions[1]. Mais cet effet, rehaussé par les matériaux et par une grande habileté décorative est, pour l’œil d’un charme véritable.
S. Michele [c] (1466), par Moro Lombardo, bien que plus simple, offre une étroite parenté avec S. Zaccaria. C’est une église sur colonnes, aveu plafond interrompue, dès l’entrée, par un jubé d’orgue de la même époque ; dans le fond, trois tribunes sans pourtour. À remarquer sur la façade, outre les terminaisons arrondies, un revêtement de bossages assez gauche, emprunté à Florence.
Ici se place le petit bijou de l’architecture religieuse de Venise, — S. Maria de’ Miracoli [d], construite en 1480 avec l’aide de Pietro Lombardo. Il faut un certain temps jusqu’à ce que l’œil séduit par une impression extrêmement gracieuse reconnaisse que l’architecture propre de l’édifice est presque nulle. Le grand fronton circulaire de la façade, rempli de disques de couleur, écrase les deux ordres de pilastres, d’un travail si délicat ; l’arc du milieu de la rangée supérieure est élargi d’une façon barbare pour correspondre à la porte du bas. Pour le chœur, de
- ↑ Peut-être est-ce sous l’influence de quelques mesquines constructions romaines, telles que la Porta de’ Borsari à Verone.
vrai, en style Renaissance ; que la galerie intermédiaire entre ses deux cours, mais il a de l’intérêt comme l’architecture privée la plus complète du style baroque. Les grandes lanternes de vaisseau dans les galeries inférieures de ces palais et d’autres étaient les insignes d’honneur d’un commandement maritime des propriétaires.