permis de donner ironiquement à cette architecture le nom de centrifuge, tant les coupoles semblent fuir le centre de l’édifice.) Des colonnes en forme de candélabres entre les piliers principaux marquent les différentes parties ; les effets de perspective concourent avec la lumière à composer des tableaux d’architecture d’un vrai charme ; il y faut joindre la richesse du détail qui, il est vrai, se rapproche ici plutôt du style de Scarpagnino. De toutes ces églises à plusieurs coupoles, S. Maria de’ Miracoli est une des tentatives les plus osées. (Les parties supérieures de tout l’intérieur sont, sinon défigurées, du moins dépouillées de leur véritable caractère par une ornementation en stuc de style rococo.) — À S. Maria delle Grazie [a], la jolie petite cour avec une fontaine minuscule mérite au moins un regard.
À Bergame, S. Spirito [b] offre un intérieur à une seule nef, l’un des plus riches qu’il y ait en ce style ; l’ordre de colonnes et d’arcs qui encadre les chapelles est un des plus beaux exemples de la première Renaissance, qui se maintint dans la Haute-Italie jusqu’au XVIe siècle. — À citer encore, dans la ville haute, un certain nombre de maisons [c] assez petites, et souvent de peu d’apparence ; une jolie façade : Via Donizetti ; — une plus belle : Contrada S. Cassiano, no 331 ; — une petite cour à portiques, avec entablement droit en bas, des arcs dans le haut : Via Pignolo, no 68.
Bergame possède, en outre, l’une des architectures fantaisistes les plus bigarrées du XVe siècle : je veux dire la Cappella Colleoni [d], adossée à S. Maria Maggiore. L’intérieur est fortement restauré. À l’extérieur se déploie une composition variée, riche et gracieuse à sa manière, en marbre noir, blanc et rouge, avec une quantité de sculptures et de fines arabesques. Les profils du socle trahissent le maître qui a composé la façade de la Chartreuse de Pavie, Omodeo. Le haut de l’édifice est d’un caractère qui, dans les parties les plus sévères, rappelle la Madonna di Tirano.
C’est au centre même de l’art de la Haute-Italie, et sous une sorte d’influence éclectique, que se développèrent l’architecture, la sculpture et la peinture de Crémone et de Mantoue.
À Crémone, la première Renaissance a produit le Pal. Trecchi [e] de bonne apparence, mais revêtu de bossages étranges ; au lieu de la corniche, une roussure à large saillie, dont les peintures primitives se sont encore conservées sur la façade gauche. — À citer encore, le superbe fragment de galerie de la cour en briques du Pal. Stanga [f (Contrada dritta ; la façade est du style baroque le plus imposant ; l’escalier à gauche, près d’un fragment de galerie, est une charmante construction de la fin du XVIIIe siècle). — La façade en briques de l’ancienne Casa Raimondi [g, Via Rebuelo, est d’un style simple, mais excellent ; le petit octogone devant la façade de S. Luca, à gauche (daté de 1503, et probablement