Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
PREMIÈRE RENAISSANCE.

lisé la forme la plus belle et la plus riche de la niche florentine, et son œuvre a servi de modèle à la Toscane pendant tout le quinzième siècle.

Les décorations de bronze de Verrocchio (tombeau de Médicis, dans la sacristie de S. Lorenzo [a] à Florence), et d’Antonio Pollajuolo (tombeaux de bronze de Sixte IV et d’Innocent VIII à Saint-Pierre [b] de Rome) montrent une profusion d’ornements, et une maîtrise absolue dans la technique du bronze. Seulement le dernier a poussé trop loin le motif du lit de parade, et le premier a assez malheureusement adapté au sarcophage un motif de grillage (en cordes). Le goût de Verrocchio et sa maîtrise dans la décoration de marbre apparaissent dans les côtés de la niche de ce tombeau des Médicis à S. Lorenzo, ainsi que dans l’église di Monteluce [c], devant Pérouse. Une impulsion nouvelle et importante a été donnée à la Renaissance par Desiderio da Settignano (1428-64). Le tombeau du secrétaire d’État Carlo Marzuppini (mort en 1455), dans la nef gauche de S. Croce [d], est admiré surtout pour la vérité et l’exécution soignée du détail ornemental. Saluons ici le plus haut effort du style décoratif, qui dépasse de beaucoup les modèles fournis alors par l’antique. Tout arbitraire a disparu. L’heureuse ordonnance du haut et du bas en fait mieux goûter encore la richesse. Selon l’importance et l’éloignement, l’ornement est tantôt plat, tantôt en haut relief, tantôt lisse, tantôt découpé comme une dentelle de façon à produire un effet pittoresque très fin. Ce qui plus tard peut-être n’a jamais été accompli avec cette pureté et cet éclat, ce sont les enroulements du sarcophage. — Il y a encore quelques ornements très beaux sur le tabernacle adossé dans le transept droit de S. Lorenzo [e]. — Quant à l’ornementation de la Badia [f], près de Fiesole, Desiderio doit aussi y avoir collaboré (v. p. 142, note). Le piédestal de bronze de l’Idolino des Offices [g], qui lui est attribué (à tort ou à raison, je ne sais), chef-d’œuvre de la décoration en bronze, porte la trace évidente de réminiscences classiques.

À Desiderio se rattache immédiatement, pour la décoration, Antonio Rossellino (1427 — après 1478), bien que dans les limites qu’il y a apportées, et dans sa prédilection pour la simplicité de l’organisme architectonique et des ornements, il se révèle comme l’élève de son frère Bernardo. La décoration du tombeau du cardinal de Portugal à S. Miniato [h], et de l’autel Piccolomini dans l’église de Montoliveto [i] à Naples, ont dans l’invention et l’exécution le même charme que les travaux de Desiderio. La belle fontaine de marbre dans une grotte de la Villa Castello [j] est directement imitée de la fontaine Pazzi de Donatello, mais elle est d’un dessin plus heureux et plus énergique. La fontaine engagée, derrière la sacristie de S. Lorenzo [k], où Donatello n’est pour rien, est remarquable par l’originalité de La forme, autant que par le dessin énergique des dragons et des sphinx. (Attribuée par Vasari à Verrocchio.)

C’était aussi un élève de Desiderio, que Mino da Fiesole (1431-84),