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ŒUVRES DÉCORATIVES : SIENNE.

coratif de Sienne. Il est l’auteur des deux magnifiques bénitiers (1462-63) de marbre qu’on voit à l’entrée de la cathédrale [a], et dont les pieds passent à tort pour être antiques. La succession de bas-reliefs, de statuettes, de festons, d’aigles et d’animaux aquatiques, comme supports des bassins, etc., offre une expression de richesse et de vraie splendeur. Quant aux poissons de l’intérieur du bassin, il n’en faut accuser que l’excès de l’imagination décorative. Le banc de pierre, dans la Loggia de’ Nobili [b] (à droite, 1464), est trop lourd, tandis que les frises de la chapelle du Palazzo Pubblico [c], de la Loggia del Papa [d], et de la chapelle voisine du Palazzo del Turco [e] sont d’un grand et énergique effet. — Une parenté étroite paraît relier Giovanni di Stefano à Federighi dans son encadrement d’autel de la chapelle de Sainte-Catherine à S. Domenico [f], qui est d’un grand effet.

L’art décoratif de Sienne atteint sa pleine floraison, non pas, comme à Florence, au temps de la première Renaissance, mais seulement vers l’époque de la Renaissance proprement dite, lorsque la sculpture de Sienne revêt un sachet décoratif, une fantaisie d’invention, une élégance et une énergie dans les formes, un fini d’exécution et un effet de pittoresque qui n’ont été nulle part surpassés en Italie. — Lorenzo Marinna (1476-1534), comme sculpteur de marbre, Antonio Barile (né en 1453), comme sculpteur de figures, et le grand architecte Baldassare Peruzzi (1481-1537) sont les maîtres de ce style décoratif. Il y a encore quelque chose de primitif dans le banc de pierre à gauche de la Loggia du Casino de’ Nobili [e] ; le revers surtout est d’une beauté particulière : Marinna y a travaillé avec Pietro Campagnini et Michele Cioli, de Settignano. Il y a une magnificence et un travail achevé dans la petite façade de la Bibliothèque [f] de la cathédrale (vers 1497), dans le portail ornementé de la chapelle baptismale [g], également ancien et d’une énergie extraordinaire, et dans l’incomparable maître-autel de l’église de Fontegiusta (1517) [h], le tout d’une décoration très riche et d’une manière presque libre. Les anges et chérubins, et la frise avec griffons, appartiennent à ce que la sculpture du temps de Raphaël a produit de plus beau. — Il faut citer encore de la main de Marinna, à S. Martino [i], le beau revêtement de marbre d’un autel (1522), et à S. Francesco [j], l’autel Marsili ; enfin la décoration de le chapelle Piccolomini [k].

Baldassare Peruzzi, dans le décoration murale en stuc de la chapelle ronde de Saint-Jean, à la cathédrale [l], a montré le goût le plus pur de la belle époque décorative. Il avait à encadrer les sculptures de Neroccio, les fresques de Pinturicchio, et en même temps à assurer l’organisme de son monument. (La coupole est malheureusement d’une époque plus récente.) — Le maître-autel de 1532 est d’une grandeur simple. (Pour les orgues, etc., voir plus bas.)

S. Domenico [m] a deux encadrements d’autel plus simples. En général, le style baroque, avec ses colonnes, ses frontons saillants, ses grands effets,