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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/300

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ŒUVRES DÉCORATIVES : ROME, NAPLES.

adorée par deux anges ; la niche, plus plate, permet au sarcophage de saillir sur les consoles ; les pilastres, simples et vigoureusement accentués, descendent jusqu’à terre et encadrent aussi le socle à inscription. — Parmi les tombeaux de ce genre, copiés presque exactement pour la plupart sur le monument de Crist. dalla Revere, il faut citer ceux de Rocca († 1482) et de Costa à S. Maria del Popolo [a], de Did. Valdès à S. Maria di Monserrato [b] de Ben. Sopranzi (1495) à la Minerva [c] ; de Fernici dans la cour de la Minerva [d], avec couronnement plat, etc.

Le type le plus simple n’apparaît qu’a la dernière époque, alors qu’on revient à la belle et simple ordonnance du temps des Cosmates et du vieux maître Panlus. Et alors, ou bien, comme pour le tombeau de Raff. della Rovere (1477) dans la crypte des S. S. Apostoli [e], la niche se termine par une corniche droite immédiatement au-dessus de la figure tombale, ou, comme dans le monument du jeune Marcantonio Albertoni (1485) à S. Maria del Popolo [f], au-dessus de la niche est pratiquée une voussure demi-circulaire ou surbaissée. — Les plus simples de ces monuments, et ceux dont le caractère peut être est le plus romain, ce sont ces niches à linteau droit. Le mort est couché sur le sarcophage ou la bière ; à côté de lui, un couple de génies funèbres anse des armoires ; l’inscription est sur le socle ou sur la bière ; l’encadrement est formé par de gracieux pilastres ; la niche en haut a un couronnement droit. Parmi les autres exemplaires en ce genre, il faut citer le tombeau de Fil. della Valle à l’Araceli [g], 1506, presque entièrement copié sur le monument de Raff. della Rovere, les tombeaux de Giov. Andrea Boccaccio (1497) à S. Maria della Pace [h], du chevalier français Anseduno Giraud (1505) aux SS. Apostoli [i]. Mino a de même adopté cette forme, avec beaucoup de grâce, dans son tombeau de Cecco Tornabuoni (mort en 1480) à la Minerva [j]. — Nombre de ces monuments empruntent des particularités à l’un ou à l’autre de ces types. Parfois c’est un autel qui est joint au tombeau (Madd. Orsini à S. Salvatore in Lauro [k]). Ou bien, c’est un tabernacle (deux tombeaux dans la cour de S. Agostino [l]). — Par une simplicité de grand goût, la table d’inscription, au lieu de la quantité d’ornements trop riches qu’on aimait alors, ne présente qu’un buste. Ainsi les tombeaux Ponzetti à S. Maria della Pace (1505) [m], le double tombeau de deux prélats allemands à S. Maria dell’ Anima [n], le tombeau de la famille Satri à S. Omobuono [o], et celui des frères Bonsi à S. Gregorio [p].

Longtemps déjà avant la moitié du XVIe siècle, cette riche ornementation de marbre disparaît presque entièrement des tombeaux romains, et fait place à l’alliance exclusive de l’architecture et de la statuaire.


Si Naples a peu d’édifices complets de la grande époque de l’architecture moderne, elle est d’autant plus riche en détails décoratifs. D’ailleurs, ici encore, ce sont des Florentins qui ont importé la Renaissance, et qui, pendant tout le XVe siècle, exercent une influence décisive. (Tombeau de