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ŒUVRES DÉCORATIVES : NAPLES, GÊNES.

figures ont été rassemblées après coup). Dans la même église encore, d’autres monuments du même genre. À S. Lorenzo [a], quatrième chapelle à droite, l’autel Rocchi, remarquable par la délicatesse et le « brio » de l’ornementation. — Voir encore à S. Domenico Maggiore [b] : septième chapelle à gauche, l’autel (par Nola), etc.

Les tombeaux de Naples immortalisent une aristocratie guerrière, de même que les tombeaux romains une aristocratie de dignitaires ecclésiastiques. Renonçant à l’ancien motif du mort couché les mains jointes sur le sarcophage, le sculpteur pouvait représenter le défunt dans l’attitude de la vie, ce qui rendait très différent l’ensemble de l’ordonnance décorative.

À remarquer surtout en fait d’ornementation : dans le transept droit de S. Maria la Nuova [c], le tombeau de Galeazzo Sanseverino († 1477) ; — à S. Domenico Maggiore [d], les tombeaux de la chapelle del Crocefisso, particulièrement la seconde chapelle en forme de grotte à gauche ; là encore, dans le transept droit, le tombeau de Galeazzo Pandono [e] († 1514) ; de même, dans la chapelle S. Stefano, un tombeau de 1636 [f], d’un mérite tout spécial. Dans le cloître de S. Lorenzo [g], neuvième chapelle, le tombeau de Pudericus. Dans le chœur de Montoliveto [h], le tombeau de l’évêque Vaxallus d’Aversa, etc. — On retrouve en général les mêmes arabesques, tantôt en bas, tantôt en haut relief, qui alors étaient à la mode dans toute l’Italie, d’autant que toute la Renaissance napolitaine a par elle-même peu d’originalité. J’aurais pu à cet égard être plus court, si ces fragments tirés de l’aube de l’architecture moderne n’avaient précisément ici un mérite particulier. L’œil, fatigué des dimensions colossales du style baroque, recherche avec une vraie avidité ces restes du style primitif.

Giovanni da Nola (v. la Sculpture) n’est peut-être, dans le détail, nulle part aussi pur qu’ici ; voir, par exemple, le tombeau de Pietro di Toledo à S. Giacomo degli Spagnoli [i]. Chez son élève n’apparaît que trop cette enflure qui ravit à l’architecture, comme à la végétation décorative, leur véritable caractère. Dans l’ensemble, les œuvres du maître et de l’élève produisent toujours de l’effet ; la Fontaine [j] même de Domenico di Auria, près de S. Lucia (bien qu’elle ait été jadis trop vantée), sera encore considérée comme d’une invention heureuse.

On trouve quelques bons portails du XVe siècle au Gesù Nuovo [k], dans le monument près de l’Anuunziata ; d’autres, plus simples, à S. Angelo a Nilo [l], à S. Arpino [m], au coin de la Strada Nilo et de la via S. Agostino alla Zecca, etc.


À Gênes, la décoration de la Renaissance, de même que le style correspondant de l’architecture et même de la statuaire, ne s’établit que maintenant. L’impulsion est venue ici moins de Toscane que de la Haute-Italie.

Le monument le plus ancien, encore à moitié gothique, la façade de la chapelle de Saint-Jean dans la cathédrale [n] n’a été commencée qu’en 1451 ;