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ŒUVRES DÉCORATIVES : PEINTURES.

Au XVIe siècle, ce style se maintint quelque temps encore en dehors de Rome. Ainsi, par exemple, dans l’encadrement des peintures d’A. del Sarto par Franciabigio, au Scalzo [a], à Florence. — Les ornements peints de Ridolfo Ghirlandajo dans la salle des Lis (de’ Gigli) et dans la chapelle Saint-Bernard du Pal. Vecchio [b], sont ordinaires, surtout ceux de la chapelle, où les figures et les ornements sont absolument pareils (gris sur or). — Il y a une grâce particulière et un parti pris très net dans l’encadrement des fresques d’A. Asperini à S. Frediano [c], à Lucques (à gauche).

Il s’est conservé, de l’atelier des Robbia, un petit nombre d’élégants caissons de voûte : au-dessus du tabernacle de l’autel, dans la nef de S. Miniato [d], près Florence ; dans le porche de la chapelle des Pazzi, à S. Croce [e] dans le porche de la cathédrale [f] de Pistoie.


Il est difficile en ce genre de déterminer précisément les limites de la décoration. À côté de l’arabesque peinte, servant simplement de cadre, il y a, surtout sur les voûtes, une peinture décorative qui, à part quelques allusions locales, ou une sorte de symbolisme général, est essentiellement libre dans ses sujets. Le cycle de sujets sacrés, en effet, qui, au temps de l’école de Giotto, avait envahi jusqu’aux voûtes, cesse d’être aussi exclusivement dominant. Désormais, les figures ou les scènes indifférentes, neutres, pourvu qu’elles soient agréables à l’œil, les souvenirs de la mythologie et de l’histoire antique, trouvent place, au moins en partie, même dans les édifices les plus sacrés. C’est le caractère de la Renaissance de donner toujours le pas à la beauté, à la vie, à l’expression, indépendamment même de tout rapport avec le sujet.


Plus qu’au centre, la décoration peinte a pris son essor dans la Haute-Italie ; c’était, en ce pays où manquent les pierres de taille, comme une compensation à l’architecture de briques. C’est là, de plus, à Padoue, glissait son siège la plus grande école décorative d’Italie. Il s’est conservé moins d’œuvres qu’on n’aurait pu s’y attendre ; mais il reste du moins un exemplaire considérable.

Lorsqu’aux Eremitani de Padoue, les élèves de Squarcione, et surtout le grand Andrea Mantegna, eurent à peindre les histoires de saint Jacques et de saint Christophe dans une chapelle gothique de la forme consacrée (un carré et une abside polygonale), les encadrements et les fonds d’architecture devinrent un ornement vraiment classique pour cette époque. Chacune des six fresques des deux parois latérales fut d’abord entourée d’un cadre peint gris sur gris, avec guirlandes de fruits, têtes, etc. En haut pendent de belles guirlandes de fruits peintes, où s’entrelacent des enfants. Sur les voûtes d’un bleu foncé, se détachent les nervures, traitées comme des tores de feuillage verts, encadrés dans des arabesques grises. Dans l’abside polygonale, de riches guirlandes de fruits sont suspendues d’une nervure à l’autre à l’aide de banderoles blanches. Dans