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ŒUVRES DÉCORATIVES : PEINTURES.

des figures nues, monochromes ; dans les lunettes des médaillons plus grands (des portraits pour la plupart) ; le tout par des artistes milanais de valeur moyenne, vers 1470. La chambre où est ce plafond servait probablement de salle de réception au plus grand capitaine de ce temps ; et sans doute les murailles étaient revêtues de riches tapisseries.


À Parme, il semble que le principal représentant de l’école décorative, issue de Padoue, ait été un peintre d’histoire assez peu important, Alessandro Araldi († 1528). Il y a de lui, dans le cloître de S. Paolo [a], derrière la chambre où sont les fresques de Corrège, une voûte avec arabesques, Pans, monstres marins, et petits tableaux d’entre-deux sur fond bleu ; dans les lunettes, tout autour, des représentations de scènes sacrées. Ce style se retrouve encore dans l’ancienne ornementation des pilastres et des nervures de voûte à S. Giovanni [b], comme dans la belle niche en mosaïque du transept droit de la cathédrale [c] (avec fond d’or). De même, à S. Sisto [d], à Plaisance, une grande partie de l’ornementation est de ce style. — Mais, avec la grande révolution opérée par Corrège dans la peinture de ces régions, la décoration elle-même fut pénétrée par un autre style. Les chérubins désormais délogent de plus en plus l’ornementation végétale et finissent par peupler entièrement les pilastres, la frise, etc. Parmi les élèves de Corrège, Girolamo Mazzola s’est fait un grand nom, moins peut-être par ses tableaux d’autel que par la peinture de la voûte dans la nef de la cathédrale [e]. Il est permis de se demander si les triangles d’une voûte gothique doivent être peints ; il faut reconnaître en tout cas que jamais question n’a été résolue avec plus de beauté qu’ici. (Médaillons en couleur avec bustes, chérubins, couronnes de fruits, bordures à deux teintes des nervures de la voûte, etc.) Les peintures plus récentes de S. Giovanni [f], de la frise surtout, sont moins heureuses : car les parties polychromes (sibylle, chérubin, etc.) et les parties monochromes (scènes sacrées), outre qu’elles sont de proportions différentes, sont réunies sur une même surface. Les ornements des pilastres à la Steccata [g], de même que les parties modernes de S. Sisto [h], à Plaisance, paraissent l’œuvre d’artistes plus ordinaires.


Ferrare possède en ce genre, non seulement des travaux de la bonne époque, mais les œuvres d’un artiste connu. Au rez-de-chaussée du Séminaire archiépiscopal [i] se sont conservés deux plafonds peints en cisaille par Garofalo (avec la date de 1519), qui trahissent un style nouvellement apporté de Rome : c’est, non pas encore la manière des Loges, mais celle des Stances. Le style de l’ornementation s’accommode très bien et sans lourdeur des deux nuances. — Puis viennent, parmi les œuvres encore excellentes, les peintures de S. Benedetto [j]. Il faut remarquer, outre la frise avec génies sur toute la longueur, la voûte en