peut apprécier[1]. Celui qui dans chaque visite au Vatican prendrait à tâche d’étudier attentivement l’une des travées des Loges, aurait une impression durable, et, à travers mille figures et groupes peut-être, reconnaîtrait le dessin vrai, authentique, de Raphaël. (Les peintures de la voûte [a], dans le couloir immédiatement au-dessous des Loges, sont tout entières de la main de Giov. da Udine : elles représentent des treilles couvertes de vignes, gracieusement entrelacées d’autres plantes, et peuplées d’animaux.)
C’est le même sentiment décoratif, bien qu’exprimé à l’aide d’une autre matière, qui se révèle dans les bordures (il ne s’en est conservé qu’un petit nombre) des tapisseries [b] de Raphaël (première série). Giov. da Udine est supposé y avoir eu de même une part importante de collaboration. Ici de petites figures ou des ornements isolés n’auraient eu ni beauté ni clarté. Aussi les figures sont-elles plus grandes ; et, de même, chaque bordure forme un tout, aussi bien pour la décoration que pour les sujets allégoriques et mythologiques qui y sont représentés. — La meilleure œuvre en ce genre, ce sont les Parques.
C’était un travail tout différent que la décoration du grand plafond voûté dans la salle antérieure de l’Appartamento Borgia [c]. Dans les chambres voisines, Pinturicchio avait, comme nous l’avons dit, décoré les voûtes selon le style de la première Renaissance). Son œuvre, bien que d’une grande valeur décorative, paraît d’une contrainte singulière, dès qu’on entre dans la salle antérieure (Sala de’ Pontefici), décorée par Giov. da Udine et Perin del Vaga, aussitôt après la mort de Raphaël. La division des surfaces peintes, la modération des ornements, si essentielle dans un plafond, la forme excellente du détail, donnent à cette salle un grand prix, même si l’un ignore que les figures des divinités planétaires sont de l’invention originale du maître. Les quatre Victoires autour des armoiries pontificales sont un des plus beaux triomphes de la décoration figurées. Rien n’est plus instructif pourtant que de les comparer aux œuvres exécutées par ces mêmes maîtres quelques mois auparavant dans les Loges, et spécialement dans la Loggia de la Villa Madama. — Raphaël n’y a pas donné un coup de pinceau, mais il vivait encore, et c’était assez pour élever ses disciples jusqu’à sa hauteur.
Dans les Stances, nous l’avons vu, Raphaël avait rencontré une décoration antérieure, et il l’avait respectée, en totalité (Stanza dell’ Incendio) ou en partie (Camera della Segnatura). Quant aux intentions de Raphaël pour le plafond de la Sala di Costantino, on les ignore. Dans la Stanza d’Eliodoro [d], Raphaël, en donnant un fond de tapisserie, bleu, assez simple, aux quatre peintures du plafond, cherche à attein-
- ↑ Il faut de même rappeler ici le concours apporté à l’effet d’ensemble par le carrelage en faïence des Robbin. (v. p. 165).