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MOSAÏQUES DES Ve ET VIe SIÈCLES.

deviner le caractère. Nous nous bornerons à mentionner ici les œuvres les plus importantes.

Après les mosaïques de S. Costanza [a], près de Rome, qui sont de l’époque de Constantin, et que nous avons citées plus haut à propos de l’ornementation antique (tome I, p. 54 A), les plus anciennes sont celles de S. Pudenziana [b] à Rome (390) : le Christ trônant entre les apôtres, et deux figures féminines qui personnifient l’Église des Chrétiens Juifs et l’Église des Gentils. Les mêmes figures, avec l’inscription des noms, se retrouvent dans la mosaïque de S. Sabina [c] (430). Les mosaïques du Baptistère orthodoxe, S. Giovanni in Fonte [d], à Ravenne (430), montrent, dans un parfait état de conservation, le luxe décoratif de ce temps (encadrements, figures ornementales, aiternance de stuc et de mosaïque) ; c’est l’un des plus beaux ensembles colorés qu’il y ait dans l’histoire de l’art. À Ravenne encore, les mosaïques de la chapelle tombale de Galla Placidia [d] présentent le même intérêt : elles contiennent une représentation du Bon Pasteur aussi importante pour l’archéologie que pour l’histoire de l’art. — Les scènes bibliques, qui, à Sainte-Marie Majeure [e] à Rome, ornent les murs supérieurs de la grande nef et l’arc triomphal (avant 450 ; plusieurs est été fortement restaurées, quelques- unes sont modernes) peuvent être considérées comme le spécimen de la Bible illustrée du temps. Elles ont de plus, en ce qui concerne l’histoire des compositions, une très grande importance.

L’ornementation en mosaïque dans la vestibule du Baptistère du Latran, déjà citée au chapitre de l’Architecture, est à peu près du même temps (432-440 ?).

Les mosaïques qui, à S. Paolo fuori le mure [f] près de Rome, ornent le côté antérieur de l’arc triomphal, datent, d’après l’inscription, du pontificat de Léon le Grand (440-462) ; mais elles portent la marque évidente d’une restauration du ixe siècle, environ, et elles sont, par suite, beaucoup moins intéressantes. Les mosaïques de l’abside, avec le Christ trônant, sont du xiiie siècle. Ici encore, le Christ est représenté debout sur une colline ou sur un nuage, et non pas planant, comme dans l’art plus moderne.

La dernière et une des plus imposantes parmi les mosaïques de Rome est celle de SS. Cosma e Damiano [g] au Forum (526-530). (Elle est un peu restaurée dans la partie gauche.) Les figures ont ici une expression de dignité sublime qui aujourd’hui encore produit un puissant effet. L’exécution en est brillante et soignée.

À Ravenne, les mosaïques du Baptistère des Ariens (ou S. Maria in Cosmedin [h], vers 500) sent très inférieures aux mosaïques qui ornent la coupole de l’autre Baptistère [i] : elles ne s’en rapprochent que par le dessin. — À une époque un peu plus récente (vers 547) appartiennent les mosaïques de la niche du chœur à S. Vitale [c], qui contiennent entre autres le brillant tableau de cérémonie représentant l’Entrée de Justinien