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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/648

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STYLE ROMAN.

est brillant et délicat ; à défaut des nuances, que l’émail de ce temps ne pouvait rendre, les rayons et les plis des draperies sont exprimés par de fines hachures d’or. — On voit au trésor de Saint-Pierre [a] à Rome la Dalmatique de Charlemagne, c’est-à-dire un vêtement de diacre, vraisemblablement du xiie siècle, qui figurait au couronnement des empereurs, du moins à une date plus récente. Sur un fond de soie d’un bleu sombre sont brodées en or, en argent et en couleurs, quelques scènes avec nombre de personnages : sur le devant, le Christ dans une gloire avec des anges et des saints ; sur le revers, la Transfiguration du Thabor ; sur les manches, le Christ distribuant les sacrements. C’est un monument remarquable de ce temps où, non seulement l’Église, mais l’officiant lui-même, revêtu des matières les plus précieuses, était tout un symbole, tout un programme. — Il faut citer encore comme une merveille de technique en petit, dans l’Opera de la cathédrale [b] de Florence, une série de miniatures en mosaïque de cire, de la plus fine exécution.




De même que pour l’architecture et la sculpture, commence pour la peinture, à partir du xie siècle, une ère nouvelle, la préparation d’un style nouveau, auquel nous pouvons de même donner le nom de roman. Ici, comme dans les autres arts, c’est la transformation, par l’esprit nouveau, de la basse antiquité longtemps reproduite sans être comprise.

À côté du byzantinisme devenu dominant en Italie, un art indigène s’était conservé, de plus en plus barbare, et confiné dans l’ornementation des petites églises qui ne pouvaient payer ni les mosaïques ni les artistes grecs. C’est de cet art indigène, qu’on pourrait, en regard de l’art byzantin, désigner du nom de lombard, qu’est sorti le style nouveau. Il en reste un monument canon dans les peintures murales, avec sujets pour la plupart légendaires, de S. Urbano alla Cafarella [c], près de Rome (v. t. I, p. 26 A), ancien temple supposé de Bacchus, et probablement de l’année 1011. Ici déjà apparaît clairement le trait caractéristique du nouveau style, la vivacité du mouvement et l’effort dans l’expression de la physionomie. Malgré la pauvreté de l’exécution, la sympathie du spectateur s’éveille : voici qu’enfin, après de longs siècles d’imitation et de combinaison, l’art se remet à créer, à improviser, Il y a des fragments semblables a S. Agnese [d]. On retrouve actuellement encore dans ces pauvres peintures murales un reste de tradition byzantine, de même que dans deux œuvres plus récentes : les fresques du porche de S. Lorenzo fuori [e] (à peine reconnaissables sous la restauration moderne), et celles de la chapelle de S. Silvestro [f], dans l’avant-cour des SS. Quatro Coronati [g], toutes deux des premières années du xiiie siècle. Les peintures de l’église inférieure de S. Clemente [h], dont la date est incer-