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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/746

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enfin reprenait son avantage par le caractère plus sain de ses compositions, qu’il devait à l’influence de son milieu natal, et par l’éclat du coloris. — Parmi les grandes peintures sur toile et en détrempe, dans la chapelle Bentivoglio à S. Giacomo Maggiore [a], les deux Triomphes allégoriques (1490), d’un sens assez obscur, étaient peut-être, par la nature du sujet, au-dessus des forces de Costa. La Madone, avec les portraits de la famille Bentivoglio en pied (1488), très laides, mais d’une exécution excellente, d’une gravité presque maussade et d’un coloris grisâtre, trahissent encore des liens étroits entre le maître, Cossa et Erc. Roberti l’ancien. — A S. Petronio [b], le tableau d’autel de la chapelle Bacciochi (septième chapelle à gauche) : une Madone trônant avec quatre Saints et des anges musiciens dans une lunette (1492) est supérieur à n’importe quelle œuvre de Francia. Je citerai encore dans cette même église un Saint Jérôme, une belle Annonciation (troisième chapelle à droite), et, dans la cinquième chapelle à gauche, un Saint Sébastien, généralement attribué à Cossa. Ici et plus encore dans les tableaux de la dernière période de l’artiste, l’influence ombrienne de son ami Francia se marque peu à peu par la sveltesse et la délicatesse croissante des figures, par le calme et le caractère de l’expression qui tourne parfois à la sentimentalité. — A S. Giovanni in Monte [c], au fond du chœur : le Couronnement de la Vierge avec six saints (1497), qui ici, comme généralement dans l’école de Bologne et de Ferrare, sont groupés, et non pas seulement les uns auprès des autres, comme chez les Pérugins. — Dans la même église, septième chapelle à droite, une Madone trônant avec des anges musiciens et des sains d’une exquise naïveté. Le tableau du chœur est en même temps l’un des spécimens les plus remarquables des paysages où Costa révèle un rare sentiment de la ligne en harmonie avec les figures, et une véritable maîtrise de la couleur. Les paysages de Costa sont d’ordinaire de belles vallées, d’une riche végétation, avec des vues sur un horizon doux et modéré, dont le modèle se rencontre aux environs de Bologne. — Dans les fresques peintes par le maître à S. Cecilia [d] (v. en bas, la quatrième peinture à gauche et la quatrième à droite), le paysage est peut-être ce qu’il y a de mieux. — L’Assomption de la Vierge à S. Martino [e] (cinquième autel à gauche) accuse fortement la manière ombrienne. — Dans la Pinacothèque [f], entre autres, le Mariage de la Vierge. — Quand ses protecteurs, les Bentivogli, furent chassés de Bologne, Costa fut appelé à la cour des Gonzague (1509), où il resta jusqu’à sa mort. Le sac de Mantoue a détruit ses œuvres presque sans exception. Une Madone trônant, qui a survécu à S. Andrea [g] (1525), est très endommagée. C’est à Mantoue qu’a dû être peint le portrait si fin d’Isabelle d’Este (Offices [h], no 1121), qui offre de grandes affinité du moins avec la manière de Costa, mais qui est surpassé encore en finesse d’exécution et en éclat de coloris par un Portrait d'homme au Pal. Pitti [i] (no 376), signé, et