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DU SUBLIME

raison : dans ce dernier cas, plus le lieu est éclairé, plus la passion qu’il excite est grande.


SECTION XVI.
La couleur considérée comme cause du sublime.

Les couleurs douces et riantes ne sont pas propres à former de grandes images ; peut-être faut-il en excepter le rouge vif, qui est une couleur riante. Une vaste montagne ta pissée d’un gazon vert et brillant, n’est rien, sous ce rapport, si on la compare à une montagne aride et sombre ; le ciel voilé de nuages est plus pompeux qu’alors qu’il découvre toute la pureté de son azur ; et la nuit est plus solennelle, plus sublime que le jour. Par conséquent, dans les tableaux d’histoire, une draperie gaie ou voyante ne peut avoir un heureux effet:et dans les édifices, lorsqu’on se propose le plus haut degré du sublime, les matériaux et les ornemens ne doivent être ni blancs, ni verts, ni jaunes, ni bleus, ni d’un rouge pâle, ni violets, ni nuancés; mais de couleurs tristes, et sombres, telles que le noir, le brun, le pourpre foncé, et d’autres d’un genre sévère. La dorure, les mosaïques, les tableaux, les statues, contribuent fort peu au sublime. Cependant