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Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/220

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DU SUBLIME

suffisante qu’elle n’est pas l’objet propre de l’amour. Qui jamais s’avisa de dire que nous devons aimer une belle femme, ou même quel qu’un de ces beaux animaux qui nous plaisent ? Ici, pour être touché, on n’a nul besoin du concours de la volonté.

SECTION X.
Jusqu’à quel point l’idée de la beauté peut être appliquée aux qualités de l’ame.

Cette remarque, en général, n’est pas moins appliquable aux qualités de l’ame. Les vertus du genre le plus sublime, qui ravissent l’admiration, inspirent la terreur plutôt que l’amour ; telles sont la fermeté, la justice, la sagesse, et d’autres semblables. Aucun homme ne se rendit jamais aimable par la force de ces qualités. Celles qui nous touchent par une impression agréable, qui engagent et maîtrisent nos cœurs, sont les plus douces des vertus ; la facilité du caractère, la compassion, la bonté, la libéra lité : on est convaincu cependant qu’elles sont d’un intérêt moins immédiat et moins important pour la société, et qu’elles ont moins de dignité que les premières. C’est pour cette raison-là