Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/116

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Le vieux lord regarda l’enfant de la tête aux pieds.

« Croyez-vous que vous puissiez m’aider à marcher ? dit-il d’un ton bourru, en réponse à l’offre amicale de Cédric.

— Je le crois, dit celui-ci. Je suis fort ; j’ai huit ans, vous savez. Vous n’avez qu’à vous appuyer sur votre canne d’un côté et sur mon épaule de l’autre. Dick dit que j’ai des muscles étonnants pour un garçon de huit ans. »

Il ferma le poing et le leva jusqu’à l’épaule, comme s’il faisait des haltères, afin que le comte pût juger de la puissance des muscles qui avaient eu l’approbation de Dick. Sa figure était si sérieuse et si animée, en se livrant à cet exercice, que le valet de pied fut encore forcé de regarder le comte pour n’avoir pas envie de se dérider.

« Eh bien ! dit le vieux lord, essayez. »

Cédric lui donna sa canne et commença par l’aider à se lever. Ordinairement c’était le domestique qui remplissait cet office, et le comte ne se faisait pas faute de jurer après lui, surtout quand il en résultait, comme cela arrivait fréquemment, un redoublement de son mal ; mais ce soir-là il ne jura pas, quoique son pied le fît particulièrement souffrir. Il se leva péniblement et posa sa main sur la petite épaule qui se présentait à lui avec tant de courage. Le petit lord fit un pas en avant, avec précaution, les yeux fixés sur le pied malade.

« N’ayez pas peur de vous appuyer, dit-il d’une manière encourageante ; je peux très bien vous soutenir. »

Si le comte avait été aidé par le domestique, il se serait appuyé moins sur le bâton et plus sur l’épaule de son assistant ;