Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/125

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Dougal se leva paresseusement et le regarda faire pendant quelques instants ; puis il se décida à marcher derrière lui, allant et venant comme lui et suivant tous ses mouvements. Le petit lord posa sa main sur la tête du chien :

« C’est un très bon chien, dit-il ; il m’aime déjà, et il devine ce que je sens.

— Et que sentez-vous ? » dit le comte.

Cela le contrariait de voir quelle place les premières affections de son petit-fils tenaient dans son cœur ; mais d’un autre côté il lui était agréable de constater qu’il les contenait bravement. Ce courage enfantin lui plaisait.

« Venez ici, » dit-il.

L’enfant obéit.

« Je n’ai jamais quitté notre maison avant aujourd’hui, dit-il, avec un regard troublé dans ses yeux bruns ; cela fait une singulière impression de penser qu’on va passer la nuit dans une autre maison que la sienne ; mais Chérie n’est pas loin ; elle m’a recommandé de me le rappeler. D’abord j’ai huit ans ! À huit ans on n’est plus un petit garçon, on doit être raisonnable ; et puis je peux regarder son portrait. »

Il mit la main à sa poche et en tira un petit écrin de velours violet.

« Tenez, dit-il, vous n’avez qu’à presser ce ressort, la boîte s’ouvre… et, la voilà ! »

Il était venu près du siège du comte, et, comme il levait le couvercle, il se pencha sur son bras, avec autant de confiance que si ce bras était celui d’un grand-père tendre et affectueux.