Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/157

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« Je pense que vous êtes le meilleur homme qui existe, dit-il à la fin. Vous êtes sans cesse occupé à faire le bien et à penser aux autres. Chérie dit toujours : Ne pensez pas à vous, mais pensez aux autres. C’est justement ce que vous faites, n’est-ce pas ? »

Sa Seigneurie fut tellement abasourdie en se voyant présentée sous de si agréables couleurs, qu’elle ne sut que répondre. Elle avait besoin de réfléchir. Voir chacun de ses motifs bas et égoïstes changés en intentions charitables et désintéressées par la généreuse simplicité d’un enfant, c’était une épreuve assez singulière.

Le petit lord continuait à regarder son grand-père de ses grands yeux clairs et innocents, où se peignait l’admiration.

« Vous avez rendu heureux tant de gens ! reprit-il : Michel, Brigitte et leurs enfants ; la marchande de pommes, Dick et même M. Hobbes : car la montre que je lui ai donnée a été achetée avec l’argent dont vous m’aviez fait cadeau. Maintenant c’est M. Hugues, et Mme Hugues, et leurs enfants ; et M. Mordaunt, par la même occasion ; et puis Chérie, et puis moi, à qui vous voulez donner un poney et à qui vous avez déjà donné tant d’autres belles choses. Tenez, j’ai compté sur mes doigts : cela fait vingt-sept personnes à ma connaissance que vous avez rendues heureuses. C’est beaucoup vingt-sept !

— Et c’est moi qui ai fait tout ce bien ? demanda le comte.

— Bien sûr, dit l’enfant. Savez-vous ? ajouta-t-il avec un peu d’hésitation, il y a des gens qui sont quelquefois trompés sur les comtes. M. Hobbes était de ces gens-là. Mais je vais bien vite lui écrire pour le détromper.