Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/170

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nait à l’esprit du vieux lord, tandis qu’à moitié caché derrière les draperies de sa tribune, il regardait de loin, par une ouverture entre les rideaux, celle qui avait été la femme de son fils et qui, avec ses yeux bruns et doux, ressemblait si fort à l’enfant qu’il avait à côté de lui. Mais si ses pensées étaient agréables ou amères, c’est ce qu’il eût été difficile de découvrir.

Quand le grand-père et le petit-fils sortirent de l’église, plusieurs de ceux qui avaient assisté au service et qui étaient sortis avant eux se pressèrent pour les voir passer. Comme ils approchaient de la porte fermant le petit enclos qui entourait l’église, l’un d’eux fit un pas en avant avec hésitation. C’était un homme d’une quarantaine d’années, avec un visage maigre et fatigué.

« Eh bien, Hugues ? » demanda le comte.

Cédric se retourna vivement en entendant ce nom.

« Ah ! c’est M. Hugues ! s’écria-t-il.

— Oui, répondit le comte sèchement, et je suppose qu’il vient jeter un regard sur son futur propriétaire.

— Oui, mylord, dit l’homme, dont la face brune se couvrit de rougeur. M. Newick m’a dit que Sa jeune Seigneurie a été assez bonne pour parler en ma faveur, et, avec votre permission, je voulais lui dire un remerciement. »

Peut-être éprouva-t-il un peu d’étonnement en voyant que c’était un si petit garçon qui, sans le savoir peut-être, lui avait fait tant de bien, et que cet enfant restait à le regarder, comme un de ses propres enfants aurait pu le faire, sans avoir l’air de se douter le moins du monde de son importance.