Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/175

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membres bien découplés, sur l’éclat de ses boucles chatoyantes, sur la grâce de toute sa petite personne, et qu’ainsi qu’il avait entendu autrefois une vieille femme le dire du père, ils s’écrieraient tous : « C’est un lord des pieds à la tête ! » Lord Dorincourt était orgueilleux et arrogant, surtout dans tout ce qui touchait à son rang et à son nom ; et il n’était pas fâché de faire savoir à ceux qui avaient vu si longtemps l’espoir de sa maison représenté par des fils qu’il jugeait indignes de lui, que son nouvel héritier était à la hauteur de sa position.

Quelques jours auparavant, le poney avait été essayé, et le comte fut si satisfait des dispositions montrées par Cédric qu’il en oublia sa goutte. D’après ses ordres, Wilkins, le groom, avait amené le petit animal, qui secouait sa crinière brillante en arrondissant sa nuque, devant les fenêtres de la bibliothèque, pour que lord Dorincourt pût assister à la première leçon d’équitation. Le grand-père se demandait quelle allait être la conduite de Cédric en cette circonstance ; il avait souvent vu les enfants donner des signes de frayeur en se sentant tout à coup, et pour la première fois, hissés sur un cheval, et il craignait que son petit-fils ne se laissât aller à pareille faiblesse.

Il eut bientôt sujet d’être rassuré.

Cédric s’approcha résolument du poney, qui n’était pas pourtant des plus petits, lui fit quelques caresses ; puis, avec l’aide de Wilkins, il sauta gaiement sur son dos. Alors le groom, prenant le cheval par la bride, le fit marcher de long en large devant la fenêtre.