Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/185

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lui et pour sa mère. Pourquoi donc semblait-il ne pas consentir à voir Chérie, quand il s’occupait sans cesse à lui être agréable ?

Il eut grand’peine à contenir ses sentiments jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la Loge. Sa mère cueillait des roses dans le jardin au moment où la voiture s’arrêta devant la porte. Il s’élança du marchepied, et courant à elle :

« Chérie ! cria-t-il, pourrez-vous le croire ! Ce coupé est pour vous. Il a dit que c’était moi qui vous en faisais cadeau. Il est à vous, pour vous promener partout où vous voudrez. »

Il était si heureux qu’il ne savait ce qu’il disait. Mme Errol ne pouvait gâter le plaisir de son fils en refusant ce don, quoiqu’il lui vînt d’une personne qui la regardait comme son ennemie. Elle fut obligée de monter dans la voiture, avec les roses qu’elle portait dans sa jupe, et de consentir à faire une promenade. Pendant que la voiture roulait, l’enfant l’entretenait de la bonté, de la générosité de son grand-père. Ces récits dénotaient une âme à la fois si innocente, si pure et si tendre, une si sainte ignorance de tout ce qui était intérêt ou calcul, que, par moments, Mme Errol ne pouvait s’empêcher de sourire. En même temps elle attirait son petit garçon plus près d’elle encore, le baisait, heureuse de penser qu’il ne savait voir que du bien autour de lui, même chez le vieillard au cœur dur qui n’avait pas su se faire un ami.