Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/191

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grammaire, que le comte fit disparaître. Nous ferons de même. Elle était ainsi conçue :

« Cher monsieur Hobbes,

« Il faut que je vous parle de mon grand-père : c’est le meilleur comte que vous ayez jamais vu. Je vous assure que vous vous étiez trompé en vous imaginant que les comtes étaient des tyrans ; ce n’est pas un tyran du tout. Je voudrais que vous le connussiez : vous seriez tout de suite bons amis, j’en suis sûr. Il a la goutte au pied et il souffre beaucoup ; mais il est si patient ! Je l’aime tous les jours davantage, et personne ne pourrait s’empêcher d’aimer un homme comme lui, qui est bon pour tout le monde et qui s’oublie toujours pour les autres. Je serais content si vous pouviez causer avec lui : il sait tout, et on peut lui demander tout ce qu’on veut. Il m’a donné un poney, et à ma maman une belle voiture. J’ai trois chambres, pleines de livres et de joujoux. Le château est très grand ; vous vous y perdriez. Wilkins m’a dit (Wilkins est mon groom) qu’il y a des cachots dans les caves. Le parc vous semblerait bien beau. Il y a de très gros arbres, et puis des chevreuils, des lapins, toutes sortes de bêtes. Mon grand-père est très riche, mais il n’est ni dur ni orgueilleux, comme vous croyiez qu’étaient les comtes. J’aime à me promener avec lui ; les gens d’ici sont si polis ; ils vous tirent toujours leur chapeau, les femmes vous font la révérence et quelquefois elles disent : Dieu vous bénisse ! Je sais monter à cheval maintenant, mais d’abord cela me secouait beaucoup quand je trottais. Mon grand-père a un fermier qui ne pouvait