Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/230

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nouvelles, mylord ; des nouvelles tout à fait fâcheuses ! Je regrette bien d’en être le porteur. »

Le comte avait commencé à se sentir fort mal disposé. Il était toujours fort irritable.

« Qu’avez-vous à regarder ce garçon ? dit-il avec colère. Vous l’avez regardé de même toute la soirée… Pourquoi le regardez-vous ainsi ? Vous avez l’air d’un oiseau de mauvais augure ! Qu’ont vos mauvaises nouvelles à faire avec lord Fautleroy ?

— Mylord, dit M. Havisam, je ne perdrai pas de temps en paroles. Mes nouvelles concernent précisément lord Fautleroy, et même, si nous devons y ajouter foi, ce ne serait pas lord Fautleroy qui reposerait sur ce sofa, mais seulement le fils du capitaine Errol. Le véritable lord Fautleroy serait le fils de votre second fils Bévis, le frère aîné du capitaine, et se trouverait pour l’instant, avec sa mère, dans un hôtel à Londres. »

Le comte saisit les deux bras de son fauteuil avec tant de force que les veines de ses mains en saillirent, pendant que celles de son front se gonflaient et qu’une pâleur livide se répandait sur son visage.

« Que voulez-vous dire ? s’écria-t-il. Vous êtes fou ! Qu’est-ce que c’est que ce conte-là ?

— Ce n’est pas un conte, répondit M. Havisam ; c’est, par malheur, la vérité. Une femme est venue à mon cabinet ce matin ; elle m’a dit que votre fils Bévis l’avait épousée, il y a six ans, à Londres, et m’a montré son certificat de mariage. Ils se querellèrent, paraît-il, après une année d’union et se sépa-