Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/29

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amères humiliations du vieux comte avait été ce penchant de ses deux fils aînés à rechercher les gens au-dessous d’eux. Cet enfant allait-il partager ces fâcheuses dispositions au lieu des bonnes qualités de son père ?

Mais à peine la porte de la chambre se fut-elle ouverte pour livrer passage à Cédric que cette crainte s’évanouit. Il reconnut à l’instant que c’était un charmant enfant, et en effet sa beauté était peu commune. Sa démarche était aisée et gracieuse, et il portait la tête droite avec un brave petit air. Il ressemblait à son père d’une manière frappante, quoiqu’il eût les yeux bruns de sa mère. L’expression de ceux-ci n’était ni craintive ni hardie ; ils peignaient la confiance et l’innocence et regardaient les choses et les gens en face, comme un enfant qui n’a à se défier de personne.

« Vraiment, se dit intérieurement M. Havisam en poursuivant son examen, pendant que Cédric se jetait dans les bras de sa mère, c’est certainement le petit garçon le plus beau, le mieux fait et le plus gracieux que j’aie vu de ma vie.

— Ainsi, c’est le petit lord Fautleroy ? » se contenta-t-il de dire tout haut, ainsi que nous l’avons rapporté.

Cédric, qui ne se doutait pas qu’il fût l’objet d’un examen quelconque, agit à sa manière ordinaire. Après avoir embrassé sa mère, il donna une poignée de main à M. Havisam, comme il avait coutume de le faire avec les rares visiteurs qui venaient chez eux, et répondit à ses questions avec la tranquillité et l’aisance qu’il mettait à répondre à celles de M. Hobbes.

Quelques instants après l’arrivée de Cédric, M. Havisam prit congé de Mme Errol.