Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/298

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New-York, mais qui savait à peine qui ils étaient ; vos ancêtres !…

— Oui, le père et la mère de grand-père ; et puis leur père et leur mère ; et puis le père et la mère de ceux-là ; et ainsi de suite, toujours en remontant, jusqu’à… »

Et il leva le doigt.

« Jusqu’à… continua-t-il, ma foi ! je ne sais plus son nom ; je crois seulement que c’était quelqu’un qui vivait du temps de Guillaume le Conquérant. »

Par le fait, il trouva plus sûr d’avoir recours à l’assistance de Mme Milon, la femme de charge. Elle savait par cœur le nom de tous ceux que représentaient les portraits, ainsi que celui du peintre qui les avait faits. Elle connaissait en outre leur histoire à fond et pouvait même y ajouter des incidents romanesques. Quand M. Hobbes fut arrivé à se débrouiller un peu dans tous les personnages qui formaient le sujet des tableaux, il les trouva si intéressants, et la galerie de peinture exerça sur lui une telle fascination, qu’il ne put plus s’en arracher. La pensée que ces personnages imposants appartenaient tous à la famille de Cédric les lui faisait regarder comme autant de héros.

Souvent il quittait l’auberge des « Armes de Dorincourt », où il s’était installé, et se rendait au château, rien que pour aller passer une heure ou deux en compagnie « des ancêtres de Cédric », contemplant, sans se lasser, les belles dames et les beaux cavaliers qui le suivaient obstinément du regard, tandis qu’il errait dans la somptueuse galerie.

« Et tous comtes ! disait-il ; tous comtes ! Et lui aussi sera comte comme eux ! »