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quelqu’un, et, à plusieurs reprises, il lui était arrivé de trouver une sorte de plaisir à faire les choses bonnes et utiles, qu’un chaud et tendre petit cœur d’enfant lui avait suggérées. C’était un commencement. Chaque jour aussi, depuis celui où Mme Errol était venue s’établir au château, il se plaisait davantage avec sa belle-fille. À son grand étonnement, il sentait même naître en lui une sorte d’attachement pour elle. Il aimait à entendre sa douce voix et à regarder son doux visage. Quand il était enfoncé dans son grand fauteuil, au coin de la fenêtre de la bibliothèque, il aimait à la suivre des yeux et à l’écouter parler à son fils. Il entendait alors des expressions de douceur et de tendresse qui étaient toutes nouvelles pour lui, et il commençait à s’expliquer comment l’enfant qui avait vécu à New-York et s’était lié d’amitié avec un épicier et un petit décrotteur, avait néanmoins d’assez bonnes manières pour n’être pas déplacé dans l’un des plus beaux châteaux et parmi la société la plus aristocratique d’Angleterre, et comment il se faisait qu’il s’était trouvé tout de suite à la hauteur de sa situation, quand le sort en avait fait l’héritier d’un comte.

C’était facile à comprendre en effet : il avait suffi que l’enfant vécût auprès d’un cœur aimant et dévoué, qui lui avait inspiré des pensées d’amour et de dévouement et qui lui avait appris à s’oublier pour les autres, pour qu’il devînt ce qu’il était. Il avait su attirer l’affection, parce qu’il était affectueux lui-même, et les grandeurs ne l’avaient ni gâté ni ébloui, parce qu’il était simple de cœur et qu’il ne voyait dans la puissance et la richesse que le moyen d’être utile à autrui.

Tandis que le comte de Dorincourt le suivait des yeux, ce