Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/48

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a toujours beaucoup aimé Brigitte et Michel, qui sont tout à fait méritants. J’ai souvent souhaité pouvoir les aider un peu plus que je ne le faisais. Michel est un excellent ouvrier, quand il est en bonne santé ; mais il a été longtemps malade ; il lui a fallu des médicaments, une bonne nourriture, des vêtements chauds, ce qui a épuisé leurs ressources. Lui et Brigitte sauront ménager ce qu’on leur donnera. »

M. Havisam mit sa main osseuse dans sa poche et en tira un large portefeuille. Un sourire bizarre se jouait sur sa figure. La vérité est qu’il se demandait ce que penserait le riche, orgueilleux et égoïste lord quand il apprendrait quel avait été le premier désir de son petit-fils, et quand son envoyé lui dirait comment avait été dépensé le premier argent qui lui aurait été donné en son nom.

« Madame, dit-il tout haut, vous savez que le comte est extrêmement riche. Si vous voulez bien rappeler votre fils, je lui donnerai, avec votre permission, ces cinq livres (environ cent vingt-cinq francs) pour ces pauvres gens.

— Cinq livres ! s’écria Mme Errol ; ce sera la richesse pour eux. C’est à peine si je peux croire à pareil bonheur.

— Il est pourtant très réel, » reprit M. Havisam avec son sourire compassé ; et il ajouta d’un ton important : « Un changement considérable vient d’avoir lieu dans l’existence de votre fils, et un grand pouvoir reposera dans ses mains.

— Un grand pouvoir ! répéta la mère, et il est si petit ! Comment lui apprendrai-je à en bien user ? Cette pensée m’effraye. Mon cher petit Cédric… ! »