Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/76

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naturellement on doit aimer son grand-père. De plus, il a été très bon pour moi. Quand une personne fait tant de choses pour vous, et vous donne tout ce que vous désirez, vous ne pouvez pas faire autrement que de l’aimer, même quand elle ne vous est pas parente ; mais quand elle agit avec tant de bonté, et que de plus elle vous est parente, vous l’aimez encore davantage.

— Croyez-vous que lui-même vous aimera ? demanda M. Havisam.

— Sans doute, puisque je suis son petit-fils. Un grand-père aime toujours ses petits-enfants ; et, d’ailleurs, s’il ne m’aimait pas, il ne vous aurait pas dit de me donner tout ce que je désire de sa part, et surtout il ne vous aurait pas envoyé me chercher pour vivre avec lui. »

Quand les passagers, qui avaient d’abord été malades du mal de mer et obligés de garder leur cabine, commencèrent à venir s’établir sur le pont pour passer la journée, ils s’intéressèrent vivement au petit lord, dont l’histoire romanesque n’avait pas tardé à être connue. Chacun le suivait des yeux, soit qu’il courût sur le pont avec les autres enfants, soit qu’il se promenât tranquillement avec sa mère ou M. Havisam, soit qu’il écoutât les histoires des matelots. Il s’était fait des amis partout. Quand les messieurs parcouraient le pont d’un bout à l’autre en causant et qu’ils l’invitaient à se joindre à eux, Cédric, allongeant son petit pas, frappait le plancher du pied d’un air crâne, et répondait gaiement aux remarques et aux plaisanteries qu’on lui adressait. Les dames l’appelaient souvent, et on entendait toujours des éclats de rire s’échapper des