Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/151

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que dans un mois. Mais cette différence pour cette pauvre malheureuse est si considérable, qu’il y va pour elle de la vie ou de la mort ; car elle m’a assuré que son mari était sur le bord de sa fosse, que ses enfants mouraient presque de faim ; et quoique son extérieur annonce la plus grande misère, ils n’ont cependant qu’elle pour support.

Oh ! s’écria M. Harrel en riant, il faut avouer qu’elle vient de vous conter une histoire bien lamentable ! Elle s’est sans-doute apperçue que vous arriviez tout nouvellement de province. Si vous ajoutez foi à tous les contes de cette espèce, vous ne serez pas un instant tranquille, et il ne vous restera jamais un sou dans votre bourse. Cette femme, répondit Cécile, ne saurait chercher à m’en imposer ; son visage porte des marques trop évidentes et trop effrayantes des peines qu’elle éprouve.

Bon bon ! ajouta-t-il, lorsque la ville vous sera mieux connue, il sera plus difficile de vous tromper ; vous verrez qu’il