Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/214

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et souhaitait vivement de rencontrer une société qui lui convînt, et avec laquelle elle pût se lier. Elle était étonnée en réfléchissant aux difficultés qu’il y aurait à s’en faire une de ce genre. La succession non-interrompue d’amusements, les différents cercles, la quantité d’invitations, s’opposaient tellement à toute espèce de liaisons particulières et à tout ce qu’on appèle commerce d’amitié, que de quelque côté qu’elle se tournât, toute autre intimité que celle qui avait pour but le plaisir, ou pouvait en procurer, lui parut chimérique et impraticable. Elle reconnut alors l’erreur dans laquelle son idée de réforme l’avait plongée ; et voyant qu’un renoncement total à toute espèce de compagnie produisait un dégoût aussi contraire à la vertu active que la dissipation même, elle résolut de se relâcher un peu de sa sévérité ; et en mêlant quelques amusements à la solitude où elle vivait, d’approcher de cet heureux milieu qui, semblable à la pierre philosophale, en attirant continuellement nos desirs, se dérobe à