Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/220

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plaintes contre leurs coëffeurs, d’histoires de prétendues conquêtes dont leur vanité était flattée, et d’invitations dont l’importance était fort exagérée.

À la fin de l’acte, les hommes s’étant portés en avant pour voir le ballet plus à leur aise, madame Harrel profita de l’occasion pour lui faire place à côté d’elle ; et par ce moyen, elle put espérer d’entendre paisiblement le reste de l’opéra, la compagnie qui se trouvait devant elle étant entièrement composée de jeunes gens qui s’étaient abstenus de parler pendant la durée même du ballet, de crainte que leurs regards n’eussent été détournés un seul instant du théatre.

Cependant, à son grand étonnement, à peine le second acte eut commencé, que leur attention se rallentit. Ils ne s’occupèrent bientôt plus des acteurs, et se mirent à parler entre eux, à s’entretenir de choses plaisantes ; et quoique leur conversation à demi-voix ne fût pas assez bruyante pour distraire l’assemblée en général, elle formait une espèce de bourdon-