Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/69

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aussi peu satisfaite de la conduite de son amie que de sa position. L’éducation qu’elle avait reçue lui ayant inspiré de bonne heure le plus grand respect pour les préceptes salutaires de la religion et les règles fondamentales de la plus exacte probité, lui avait en même temps fait envisager une continuelle dissipation comme un acheminement au vice, et la prodigalité comme un avant-coureur de l’injustice. Accoutumé depuis long-temps à voir madame Harrel dans la solitude qu’elles avaient habitée ensemble, lorsque les livres faisaient leur principal amusement et leur société mutuelle leur plus grand bonheur, le changement qu’elle remarquait dans sa façon de penser et d’agir, la surprenait autant qu’il l’affligeait. Elle la voyait devenue insensible à l’amitié, indifférente pour son mari, et ne s’occupant jamais de soins domestiques ; la parure, la compagnie, les parties de plaisir et les spectacles paraissaient non-seulement prendre tout son temps, mais être encore l’objet de tous ses désirs. Cécile,