Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/94

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bien que la première chose qui m’a frappé la vue a été une garniture précisément la même que la mienne, sur une vilaine et odieuse robe presque sale ! Peut-on rien imaginer de plus chagrinant ? J’aurais pleuré de bon cœur. Pourquoi cela ? dit Cécile. Si sa garniture est sale, la vôtre en aura plus d’éclat. Oh, ciel ! tout le monde la croira passée de mode. La moitié de la ville en aura de pareilles : et je me suis presque ruinée pour la payer. Je ne crois pas qu’il soit jamais rien arrivé d’aussi mortifiant. J’en ai été si fort affectée qu’à peine ai-je eu la force de lui parler. Si elle avait séjourné un mois ou deux de plus à Paris, cela ne m’aurait rien fait ; mais il est bien cruel qu’elle arrive précisément dans ce moment. Je voudrais qu’on eût retenu ses hardes à la douanne jusqu’à l’été prochain. Ces vœux sont bien flateurs, dit Cécile, de la part d’une intime amie.

Les parties étant finies, Cécile, aussi fatiguée du commencement de la soirée qu’amusée de la fin, accepta la main de M. Arnott, qui l’aida à monter en carrosse.