Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/131

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serait-il plus mal ? Non, madame, il est à-peu-près de même ; ce n’est pas lui qui fait couler mes larmes. Qui peut donc les causer ? dites-le moi ; faites-moi part de vos chagrins, et soyez sûre que vous les confiez à une amie.

Je pleurais, madame, de trouver tant d’humanité dans le monde, lorsque je croyais qu’il y en avait si peu ; de voir qu’il me reste encore quelque espoir d’être une seconde fois heureuse, lorsque je me croyais pour toujours infortunée. J’ai passé deux années entières dans l’affliction, et j’imaginais que je n’avais plus rien de mieux à attendre. La journée d’hier, madame, me fut propice, puisqu’elle me procura l’honneur de vous voir, et que vous daignâtes me promettre vos bontés et votre protection. Aujourd’hui, un ami de mon frère vient d’agir avec tant de noblesse et de générosité, qu’il a prêté l’oreille à ses propositions, et a presque consenti à accepter ses secours. Auriez-vous déjà éprouvé assez de chagrins, dit Cécile, pour que cette faible lueur de