Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/181

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extraction, et son desir unique est de vivre avec les gens de qualité comme s’il était leur égal. À présent que sa situation ne le lui permet plus, il en est si affecté, qu’il ne saurait s’en consoler ; il m’a dit ce matin qu’il voudrait être mort ; qu’en prolongeant sa vie, il n’avait d’autre perspective qu’une affreuse misère. Et quand il m’a vu pleurer amèrement, il a paru très-touché ; car il a toujours été, à mon égard, le meilleur des frères, sur-tout lorsqu’il a cessé de fréquenter les grands seigneurs qui l’ont perverti. Pourquoi, m’a-t-il dit, Henriette, pourquoi voulez-vous que je vive, tandis qu’au lieu de vous placer vous et ma pauvre mère, dans un rang plus élevé, je me vois moi-même tombé si bas, que je ne sers plus qu’à vous priver de vos petits revenus ?

Je suis réellement fâchée, répliqua Cécile, qu’il soit si affecté de son état ; mais comment se peut-il que vous, qui êtes beaucoup moins âgée que lui, ayez des idées saines ? La solidité de votre jugement et la justesse de vos remarques m’éton-