Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/57

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exagérée. J’avoue que M. Delvile mérite qu’on tourne en ridicule son affectation de supériorité ; mais sa femme ne doit pas être confondue avec lui, et partager un pareil reproche. Nous avons passé toute la matinée ensemble ; et quoique très-prévenue contre elle, je ne me suis point apperçue que sa fierté fût déplacée ; il m’a semblé au contraire qu’elle n’avait que celle qu’autorisent sa situation et sa naissance. — Avez-vous été souvent chez elle, et connaîtriez-vous aussi le fils ? — Je l’ai vu trois ou quatre fois. — Et qu’en pensez-vous ? — Je ne le connais pas assez pour pouvoir en bien juger. — Mais, d’après son extérieur, que vous en semble-t-il ? ne découvrez-vous pas déjà en lui l’arrogance et l’insolence altière de son père ? — Oh ! non certainement. Bien loin de là, son âme paraît noble et généreuse ; le mérite a pour lui les plus grands attraits, et il ne manque jamais de l’accueillir et de le protéger.

Que vous êtes crédule, ma chère miss ! Vous venez de faire votre portrait, en