Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 4 an III.djvu/110

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voix, et avec un air qui prouvaient que toute la fierté qu’il avait affectée le jour précédent, avait fait place au plus profond abattement, il lui dit : miss Beverley pourra-t-elle souffrir patiemment la vue d’un homme aussi vain, aussi inconséquent ? Mais elle est trop sage pour s’arrêter aux délires d’un extravagant… qui, gouverné par une passion aussi violente que désespérée, n’a plus l’usage de sa raison.

Cécile, singulièrement frappée de cet aveu si humble, le regarda de l’air le plus étonné, sans prononcer un seul mot. Il s’approcha tristement, et ajouta : Je suis honteux de la manière dure et cruelle avec laquelle je vous abordai hier au soir, qui m’attira votre colère au moment où j’aurais dû implorer votre indulgence : mais quoique préparé à toute votre rigueur, il ne m’a pas été possible de la soutenir ; et quoique votre indifférence fût presque une faveur, il s’en est peu fallu qu’elle ne me fît perdre la raison, tant la passion et l’intérêt personnel