Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 4 an III.djvu/29

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le tronc ; à chaque éclair elle poussait des cris perçants ; la crainte avait fait disparaître toute sa gaieté.

Delvile pour lors proposa sérieusement à Cécile de la conduire au château, et de revenir ensuite chercher milady ; mais elle crut ne pouvoir abandonner sa compagne, et refusa ses offres. Ils attendirent donc encore quelques temps tous les trois ; mais l’orage, loin de s’appaiser, devenant toujours plus violent, les coups de tonnerre plus forts et plus fréquents, Delvile, révolté de l’opiniâtreté de milady, lui en fit voir le danger et la sottise. Ce moment était peu propre à lui faire goûter des raisonnements philosophiques ; les préjugés qu’on ne lui avait jamais appris à surmonter, lui faisaient croire qu’elle se trouvait en lieu de sûreté, et elle était trop agitée pour entendre raison. Voyant qu’il était impossible de l’en faire sortir, Delvile dit vivement à Cécile : Venez donc, miss Beverley, ne tardons plus, je vais vous conduire au château, et je reviendrai chercher milady. Non, non,