déconcertée de ce qui venait de se passer, elle se sentait incapable de soutenir la moindre conversation. Son embarras et sa distraction furent attribués à la lassitude et à l’effroi ; et Madame Delvile, ayant aidé à la coucher, fut rendre le même service à milady, qui arriva au même moment.
Restée enfin seule, elle réfléchit sur les aventures de la soirée, et sur la conduite de Delvile depuis qu’elle le connaissait. Il ne lui paraissait plus possible de douter qu’il ne l’aimât sincèrement. Toutes les fois qu’il agissait avec réflexion, il avait l’air froid et réservé ; mais dans les circonstances essentielles, il manifestait toujours pour elle l’attachement le plus vif et le plus flatteur. Cette inclination n’était, au reste, pas plus évidente que le désir qu’il avait de la cacher et de la vaincre : il paraissait même redouter jusqu’à sa vue, et s’être imposé la nécessité d’éviter toute conversation avec elle.
Quelle étrange et impénétrable raison