Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus mes moments, quand l’espérance n’offrira plus rien à mon imagination.

Convaincu par l’exemple de Cowley et les leçons du premier de nos moralistes [le docteur Johnson], combien il est absurde de chercher la solitude, je résolus de ne point me confiner dans une cellule ; mais comme j’ai toujours évité cette imitation servile qui nous fait penser et agir comme les autres, je donnai à ma retraite le caractère d’originalité qui vous frappe. Je me réfugiai dans cette chaumière ; j’y suis éloigné de toute société ; j’évite le plus grand inconvénient de la solitude, qui est l’ennui. Je suis constamment occupé ; l’exercice qui est utile à ma santé, élève mon courage au-dessus de l’adversité. Je suis à l’abri de toute tentation ; à peine ai-je la faculté de mal faire. Je n’ai devant moi aucun objet d’ambition, et n’ai pas même le loisir de me plaindre : j’ai trouvé, je le répète, le vrai secret d’être heureux, qui ne consiste que dans le travail et l’indépendance.

Il s’arrêta. Cécile qui l’avait écouté avec