du ton le plus douloureux, que par un sacrifice auquel mon bonheur et ma raison s’opposent également ? L’honneur que j’offense est un honneur imaginaire, qui n’a rien de réel. Quels sont les maux dont notre mariage est menacé ? ne sont-ils pas chimériques ? Dans le commerce ordinaire de la vie, on peut quelquefois céder aux préjugés reçus : mais dans les affaires importantes, c’est une faiblesse de se laisser gouverner par des scrupules aussi frivoles ; et il y a de la lâcheté à se conduire d’après des usages que nous condamnons. La religion et les loix de notre patrie doivent dans ce cas être seules consultées ; et toutes les fois qu’elles ne sont ni blessées, ni enfreintes, nous devons nous mettre au-dessus de toute autre considération.
Illusions, chimères ! répartit madame Delvile, et combien vous flattez-vous que cette félicité indépendante durerait ? Comment pourriez-vous vivre tranquille, au mépris de la censure publique, du mécontentement de vos parents, et de