Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/20

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circonspection, et résisté à mon penchant ? Et en quoi cependant, repartit Cécile, consiste cette fermeté que vous me vantez ? Oui, vous en avez montré au château de Delvile ; mais ici… La fierté et vos rigueurs me soutenaient alors. D’où me venait la force de vous fuir ? N’était-ce pas de votre indifférence invincible ? La contrainte que j’imposais à ma sensibilité, me paraissait de la force et du courage… J’ignorais alors que l’aimable Cécile daignât me payer de quelque retour. Oh, que ne l’ignorez-vous encore ! s’écria-t-elle en rougissant ; avant ce fatal moment votre façon de penser sur mon compte m’était, je crois, bien plus honorable. — Cela est impossible ! Je pensais différemment, mais jamais plus honorablement, jamais aussi favorablement qu’à présent. Votre beauté me charmait alors, j’admirais votre vertu ; mais c’était la vertu indifférente, non telle que je la vois à présent réunie à la plus douce sensibilité… — Hélas ! repartit Cécile, combien ce portrait est flatté ! — Non, il