Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/202

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l’a presque mise au tombeau ; son tempérament est trop faible pour soutenir le choc de tant de passions opposées : allez la trouver, calmez le trouble de ses esprits, en acquiesçant entièrement à sa volonté, et rendez-lui le fils qu’elle croit avoir perdu. Hélas ! repartit-il du ton le plus touché, je viens de m’y préparer, et je n’attendais plus que vos ordres pour achever de me décider. Allons tous deux la trouver, dit Cécile ; le moindre délai pourrait lui être funeste. Elle entra la première, et s’approcha de madame Delvile qui, languissante et faible, était dans le fauteuil, la tête appuyée contre l’épaule d’une domestique dont elle prit la place, en lui disant : penchez-vous, ma chère dame, sur moi ; ne parlez pas, mais écoutez-nous.

Delvile s’avança alors ; mais à sa vue, les yeux de sa mère reprenant leur air courroucé, lui lancèrent un regard qui exprimait un si grand mécontentement, que tremblant d’exciter de nouveau des mouvements qui lui avaient déjà été si funestes, il mit un genou en terre, et s’écria