Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/32

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l’instant où Delvile serait persuadé qu’ils allaient être unis pour toujours, lui manquer serait trahison et tyrannie ; Delvile n’avait rien fait qui méritât un pareil traitement ; il n’était coupable d’aucune perfidie. Il lui avait ouvert son cœur, et après s’être montré tel qu’il était, il n’avait tenu qu’à elle de l’accepter, ou de le refuser.

Un rayon d’espérance commença à percer au travers de ses craintes. Il ne m’est donc plus possible, s’écria-t-elle, de reculer ! Manquer sans raison à ma promesse, au moment de la réaliser, serait changer seulement la manière de mal faire, sans que ma conduite en fût pour cela plus recommandable. Cette idée la calma : il lui paraissait qu’elle ne pouvait plus éviter de devenir l’épouse de Delvile ; et elle s’en consolait, en pensant qu’il n’était plus en son pouvoir de se soustraire à sa destinée.

Le lendemain M. Monckton arriva. Delvile n’avait pas eu plus d’empressement à lui communiquer son projet, que celui-ci inspiré par le désespoir, n’en eut à faire auprès de Cécile tous ses efforts pour le